Pourquoi s’intéresser à l’histoire de cette structure
Le 3 juillet 1994, était déclaré, en sous-préfecture d’Alès, les statuts de l’A.C.I.E.M (Association pour la connaissance des imaginaires environnementaux méditerranéens). Cette structure prenait le relais d’une manifestations (Paroles d’Alès) qui, après 8 ans d’existence, s’arrêtait faute de financements. Les objectifs de l’A.C.I.E.M étaient alors « d’étudier les variantes de légendes et de mythes relatifs à des végétaux qui existaient autour du bassin méditerranéen ». Cette structure n’a pas fonctionné très longtemps avec cet objectif car les financeurs (et surtout la D.R.A.C de l’époque) ont très vite demandé que soit redynamisé le potentiel acteurs et publics proches du conte que le festival précédent avait créé sur la ville d’Alès et dans toute la région.
Les premières missions confiées et financées à cette association furent la création d’un « répertoire des compétences en littérature orale de la région Languedoc-Roussillon ». Ce travail fut accompli dans l’année 1995. Mais, au-delà de ce travail de repérage des compétences, de nombreux autres chantiers se faisaient jour : la création d’un bulletin trimestriel de la littérature orale, la mise en place d’une Nuit du conte à Thoiras (1er nuit en Juillet 1995) des recherches sur les représentations des adultes handicapés commanditées par « P.R.O.M.O.F.A.F », le soutien à de jeunes festivals de contes qui naissaient dans la région… En 1996 les résultats du recensement furent exposés lors d’une rencontres au « Chaix du Terral » à Saint-Jean-de-Védas (Hérault) – Les responsables institutionnels et une centaine d’acteurs du conte s’y été rassemblées. Cet évènement aller déterminer les futurs objectifs de l’Association et surtout son changement d’intitulé. L’A.C.I.E.M, devenait le C.M.L.O.
Une autre mission fut elle aussi fondatrice du C.M.L.O. La mise en place, en 1997, d’un colloque national accueilli par le « Chartreuse de Villeneuve-Lez -Avignon ». Ce colloque ouvrait aussi un nouveau chantier, la réalisation d’un «Répertoire permanent de la littérature orale »qui avait pour objectif de recenser les différents acteurs de la littérature orale au niveau international. Cette édition verra le jour en 1999. Cet événement, qui réunissait dans un lieu prestigieux l’ensemble des structures travaillant sur la littérature orale, mais aussi des conteurs, des auteurs, des chercheurs, des dramaturges… qui se revendiquaient d’une pratique proche du conte, permis au C.M.L.O d’être reconnu au niveau national. Cette reconnaissance se répercuta sur les élus de la ville d’Alès qui proposèrent au C.M.L.O des locaux dans une école de la ville.
Ces locaux ouvraient des potentialités qui furent très vite exploitées : possibilité de la mise à disposition du fond documentaire spécifique à un tout public ; possibilité de mettre en place des formations et d’employer des personnes pour assurer la part administrative ; et reconnaissances accrues des institutions.
C’est à cette époque que fut conçue la « formation de base à la littérature orale » formation de trois ans à raison d’un week-end par mois, qui commençait toujours par un spectacle. C’est autour de cette formation que le C.M.L.O a pu créer une programmation itinérante dans les villes et villages du département du Gard, de la Lozère et de l’Ardèche… Ces programmations (devenus aujourd’hui la « saison des mots dits » ont tissé des complicités avec des groupes de conteurs amateurs et des festivals. Les formations permettaient aussi au C.M.L.O de générer des fonds propres et donc de fournir des moyens permettant de développer d’autres activités (dont l’achat des spectacles).
En 1999, Le C.M.L.O fut aussi interpellé sur plusieurs projets européens. « Le sac bleu des fées » (Projet Ariane) consistait à mettre en recherche bibliographique et en création d’animations des bibliothécaires originaires de 7 pays; ce projet s’est prolongé jusqu’en 2001. Un autre projet « Montefolle » qui consistait à construire des échanges d’artistes chanteurs traditionnels et d’organiser des conférence autour du légendaire occupa aussi le C.M.L.O durant 2 ans.
Le statut d’ethnologue de son fondateur, devenu directeur de la structure, amenèrent aussi des commandes institutionnelles sur des projets concernant la collecte de mémoire orale de la région. En 1999 le C.M.L.O fut chargé d’une enquête ethnologique sur la « fourche de Sauve ». Enquête qui préfigurait l’écomusée de la fourche de ce village. En 2000 le C.M.L.O s’engageait dans le cadre d’un projet politique de la ville en collaboration avec une compagnie théâtrale, « Action Comédia » dans une « recherche action » sur les mémoires migrantes. Le projet intitulé « Mémoires à partager : M.A.P » se termina en 2004 par une restitution de plus de 15 jours qui se déroula sur le large territoire de l’ancien bassin houiller des Cévennes en collaboration avec une trentaine d’associations. Ce projet se prolongea en 2005 et 2006 par un séminaire de recherche qui réunissait 2 Jours par mois (pendant 24 mois) des chercheurs et des acteurs de terrain invités à rendre compte de leurs études et leurs réflexions sur les mémoires des autochtones relatives à l’histoire des migrations cévenoles (Mémoire orale et territoriale de l’immigration M.O.T.I).
A côté de ces chantiers de titan, le C.M.L.O continuait son activité autour de la littérature orale, conférences, formations, spectacles, recherches, gestion du fond documentaire… C’est en 2004 que le site « Euroconte » voit le jours et que se créé le « Service éducatif » permettant à la structure de bénéficier d’heures d’enseignantes détachées pour élaborer des projets scolaires. En 2004 la structure fêtait ses 10 ans d’existence et mettait en place les 1ère rencontres de septembre.
Ces expériences amenaient les acteurs du C.M.L.O à construire d’autres formations. Une formation à la « collecte de mémoire vivante » – Une formation sur les potentialités de la littérature orale à lutter contre l’illettrisme, Une invitation à découvrir l’influence du paysage, de l’énergie propre à chaque lieu… sur la composition orale des versions (Formation randonnée contée) l’organisation de séminaires de recherches « Éditer la littérature orale », « l’appareil critique du conteur »… ). Toutes ces activités se cumulaient à des invitations de plus en plus fréquentes dans des colloques ou à assurer des formations dans d’autres structures en France et en pays francophones
Le détails de cette histoire reste à écrire, car loin d’être le reflet d’activités elle est le témoignage d’une recherche et la trace contextuelle des éléments documentaires écrits et oraux que détient aujourd’hui cette structure. j’espère qu’un récit prenant en charge la mise en valeurs des productions propres du centre sera disponible pour les trente ans de la structure qui devrait se fêter le 3 Juillet 2024.
A Suivre.