Le petit tailleur de Galway, conte irlandais
Le roi d’Irlande faisait construire une tour de pierre, la plus haute et la plus fine qui soit. Mais la nuit, des géants venus de la forêt détruisaient les murs, et tuaient les constructeurs. Alors le roi avait annoncé «Je donnerai un gros sac de pièces d’or et ma fille en mariage à celui qui construira ma tour» Beaucoup de bâtisseurs étaient venus et chacun à leur tour avaient péri !
Dans la ville de Galway, il y avait un tailleur de pierres très rusé et malin ; il prit ses outils et se mit en route pour voir le roi à Dublin.
Les rencontres
Le premier jour, il rencontra un vieux cheval dans un champ «Bonjour Cheval, tu as l’air épuisé – Bienvenue à toi, voyageur. Je suis vieux et les fermiers me cherchent tout le temps pour travailler. Pourrais-tu m’aider ? Si tu creusais une fosse au bout du champ je pourrais me cacher – Volontiers, dit le tailleur» Il prit sa bêche et creusa un grand trou profond dans la terre «Cheval, tu peux entrer dans ton trou – Oui, il est à ma taille, maintenant je peux me cacher – Eh bien, restes caché, au-revoir – Eh ! Mais ! fais un plan incliné pour que je puisse sortir – Tu sortiras quand je repasserai par là» Et le petit tailleur s’en alla.
Le deuxième jour, il rencontra un renard maigre «Bonjour Renard, c’est pas la forme on dirait – Bienvenue à toi, voyageur. J’ai faim, les autres renards m’empêchent de manger, ils me battent. Pourrais-tu m’aider ? Me faire un abri pour que je sois tranquille ? – Volontiers, dit le tailleur» Il prit sa hache et sa scie et fit une petite cabane de bois «Renard, tu peux entrer dans ton abri – Oh j’y suis bien, je serai tranquille ici. – Eh bien, restes-y tranquille, au revoir ! – Eh ! Mais tu m’as enfermé, ouvres la porte pour que je puisse sortir ! – Tu sortiras quand je repasserai par là» Et le petit tailleur s’en alla.
Le troisième jour, il rencontra un buffle «Bonjour Buffle, tu as l’air soucieux – Bienvenue à toi, voyageur. C’est bientôt le moment de labourer et mes patrons s’y prennent toujours trop tard, pourrais-tu me faire une charrue pour que je puisse travailler à mon rythme ? – Volontiers, dit le tailleur» Il prit sa scie et son marteau, et fit une charrue en bois « Buffle, tu veux essayer la charrue ? – Oh oui, elle est tout à fait à ma taille, elle laboure très bien – Alors, continues à labourer, au revoir ! – Eh ! Mais détaches-moi de cette charrue ! – Je te détacherai quand je repasserai par là» Et le petit tailleur s’en alla.
Bâtisseur et tueur de géants
Le tailleur de pierres est arrivé à Dublin où il a vu le roi. Puis il a embauché des maçons pour construire la tour, et l’équipe travaille toute la journée sur cette tour de pierres grises, les murs sont de plus en plus hauts. Mais les ouvriers s’inquiètent «Patron, le soir vient, et la nuit, il y a trois géants qui sortent de la forêt, qui détruisent et qui tuent. Faut pas rester ici, patron – Rentrez chez vous, moi je reste ici et je tuerai un géant» Une fois seul, le petit tailleur de pierres installe de grosses pierres arrondies en haut des murs de la tour, il glisse dessous des leviers et il se cache derrière le mur.
A minuit les trois Géants se réveillent dans la forêt, à minuit les trois Géants marchent dans la forêt, à minuit les trois Géants sont au pied de la tour. Alors le petit tailleur actionne ses leviers et fait tomber une grosse pierre sur la tête d’un des Géants, et le tue. Les deux autres s’enfuient.
Le lendemain, tout se passe de la même façon : l’équipe de maçons construit la tour, s’en va le soir, le petit tailleur de pierres reste sur place. A minuit les deux Géants s’éveillent dans la forêt, à minuit les deux Géants marchent dans la forêt, à minuit, les deux Géants sont au pied de la tour. Du haut du mur, le tailleur fait tomber sur eux une grosse pierre un des Géants est tué, l’autre s’enfuit et ne revient plus jamais, et les ouvriers continuèrent la construction.
C’est ainsi que le petit tailleur de Galway se présenta devant le Roi «Roi, nous avons construit votre tour de pierre, haute et fine. Elle ne sera pas pillée car il n’y a qu’une seule porte, perchée très haut. Maintenant, vous pouvez me payer ?»Le roi était content de la construction, mais il dit «Tu auras l’argent et tu te marieras avec ma fille lorsque tu auras tué le troisième géant – Ce ne sera pas long, dit le petit tailleur de pierres»
Il s’en va dans la forêt et appelle le Géant «Géant, est-ce que tu as besoin d’un domestique ? Je veux être ton serviteur – Ouais, j’ai besoin d’un serviteur, mais il faudra qu’il fasse tout ce que je fais – C’est bon, dit le tailleur» Le Géant dit «Ce soir je vais boire deux soupières pleines de bouillon bouillant, tu devras faire pareil – C’est bon, mais laisses-moi une heure pour me préparer – Je t’attends chez moi dans une heure, dit le Géant»
Le petit tailleur de pierres acheta un grand morceau de cuir, il le cousit et en fit un sac qu’il attacha sur son ventre, sous ses habits. Puis il revint chez le Géant. Une énorme marmite de soupe était en train de bouillir dans la cheminée. Le Géant prit une soupière grande comme trois bols, la remplit de bouillon, puis il la but comme si c’était un verre d’eau fraîche. Le petit tailleur remplit la soupière, puis il se détourna et fit semblant de boire, mais le liquide brûlant ne passait pas par sa bouche, ni par son estomac, non, il faisait couler la soupe directement dans le sac de cuir. Le Géant reprit une soupière et la but comme la première. Le tailleur fit semblant de boire et le liquide arriva dans le sac de cuir.
Puis le tailleur dit «Maintenant, Géant, c’est toi qui vas faire comme moi : regardes !» Le petit tailleur de pierres prit son couteau et fendit le sac de cuir, et le bouillon coula par terre. Le Géant à son tour prit son couteau et s’en donna un grand coup dans le ventre, si fort qu’il en mourut.
Mariage agité
Le tailleur s’en alla chez le roi «Roi, le troisième géant est mort, vous devez me donner votre fille et le sac d’or, sinon, je démolis votre château» Le Roi et la Reine n’aimaient pas trop cet homme, la Princesse n’était pas enchantée, mais il avait promis, et il avait peur. Il lui donna un gros sac d’or, la Princesse en mariage, et une belle charrette tirée par deux chevaux. Et les voilà partis vers Galway. Mais le tailleur passa devant le buffle, le renard puis le cheval sans s’arrêter
Cependant dès que sa fille fut partie, le Roi s’inquiéta et regretta de l’avoir mariée avec ce type-là, et la reine et le roi se mirent à courir après la charrette. Les habitants de Dublin les suivirent et se mirent à courir aussi.
Toute la troupe qui courait arriva devant le buffle attaché à la charrue « Délivrez-moi de cette charrue, dit le Buffle, et je poursuivrai comme vous ce rusé qui m’a attaché » Les gens de Dublin délivrèrent le buffle. Et le Roi, la Reine, les habitants, avec le Buffle se mirent tous à poursuivre le tailleur.
Toute la troupe qui courait arriva devant la cabane du Renard « Ouvrez la porte, criait le Renard, et je vous aiderai à rattraper cet abruti qui m’a enfermé » Les gens de Dublin ouvrirent la porte de la cabane. Et le Roi, la Reine, les habitants, avec le Buffle et le Renard se mirent à poursuivre le tailleur de pierres.
Toute la troupe arriva devant le champ du Cheval « Faites-moi sortir de ce trou, dit le Cheval, et je galoperai jusqu’à rattraper ce bandit qui m’a laissé dans ce trou » Les gens de Dublin firent un plan incliné pour que le Cheval puisse sortir de son trou. Et le Roi, la Reine, les habitants, avec le Buffle, le Renard et le Cheval poursuivirent le petit tailleur de pierres.
Lorsqu’il vit qu’il était poursuivi, le tailleur descendit de sa charrette, et il s’accroupit au milieu de la route, sans armes, sans outils. Quand ils le virent, le Buffle, le Renard et le Cheval freinèrent des quatre pattes « Ah ! Il avait cette position quand il nous a joué de si mauvais tours, quand il nous a piégés ! Non, cet homme est trop dangereux, il a encore des tours dans son sac, fuyons ! » Alors, voyant la terreur des animaux, les gens de Dublin et le Roi et la Reine s’arrêtèrent, et tous repartirent d’où ils venaient.
Le petit tailleur de pierres et la Princesse arrivèrent à Galway où ils vécurent tranquillement et longtemps.
D’après « Comment raconter des histoires », de Sarah Cone-Bryant, pp. 165-170
La tour ronde du monastère de Clonmacnoise en Irlande, aurait été construite au Xe siècle vers 1124. Partiellement détruite par la foudre le haut de la tour a été reconstruite. Selon la tradition populaire les tours rondes d’Irlande aurait été construites pour faire face aux razzias des envahisseurs vikings. On pense aujourd’hui que ces tours consolideraient la structure des entrées et serviraient de clochers.