Histoire de la littérature orale .Histoire de la mythologie comparée.
POUR UNE APPROCHE HISTORIQUE DE LA « MYTHOLOGIE COMPARÉE » .
S’intéresser à la littérature orale c’est aussi être curieux de l’histoire de cette discipline millénaire. C’est essayer de comprendre comment l’esprit humain c’est saisi de cette littérature particulière, comment des savants, à toutes les époques ont tenté de déduire l’importance que le genre humain attribuait à ces récits. Notre perception du répertoire, par nos contemporains, peut être enrichie par toutes ces approches. Ce sont ces nombreuses études génératrices d’hypothèses, aujourd’hui remises partiellement en cause, qui transforment peu à peu notre intelligence sur les récits de la tradition orale.
La mythologie comparée décrit bien cette volonté de saisir ce que nous disent ces récits de la pensée profonde de l’humanité. Pour rendre accessible cette histoire, je me suis largement inspiré d’un article sur ce thème de J. Van Den Gheyn, S.J. « La mythologie comparée Histoire et critique » mais aussi de nombreux autres documents dont vous trouverez la bibliographie en fin d’article.
Cet article sera suivi d’autres qui complèteront cette première approche.
Mythologie comparée.
Cette branche de la mythologie créer pour étudier de façon comparative les mythologies de plusieurs cultures ce rattache à l’anthropologie et à l’histoire des religions. Elle s’est affirmée comme une discipline à ambition scientifique grâce aux travaux de Max Müller. A cette période « dite universaliste » les chercheurs étudiaient les constantes des mythologies à travers toute la planète.
Plus tard les comparatistes, comme Georges Dumézil, au contraire de l’ « école universaliste », n’étudieront que les analogies partagées par des peuples qui ont des similitudes linguistiques et sociales.
La mythologie comparée est née du développement des études philologiques. Quand la « Grammaire comparée » de Franz Bopp[1] commença à démontrer une certaine unité des langues européennes et des idiomes de la Perse et de l’Inde ,certains chercheurs furent tentés de conclure que les Grecs et les Romains n’avaient pas plus inventé leurs mythologies que leurs langues et que leurs dieux comme leurs mots, étaient un héritage. Il semblait aussi qu’il en était de même pour les Iraniens, les Hindous, le Slaves, les Germains, Les Celtes. Les ethnologues de l’époque nommèrent ces peuples Aryas. L’hypothèse d’Alors était que l’origine de toutes ces mythologies se trouvaient en Inde.
Les premiers objets de la mythologie comparée fut donc de grouper les familles de religions, comme la grammaire comparée avait établi, les divers groupes de langues ; elle essaya donc de déterminer dans les religions des cinq branches de la famille aryenne, les éléments fondamentaux du culte primordial de ce que l’on nommera plus tard les indo-européens.
Cette prétendue religion primordiale des Aryas, aucun code démontrable ne la formulait dans son intégrité, et elle n’avait survécu sans altération dans les rites d’aucune des nations. On ne prétendait la connaître, que par la mythologie comparée.
La mythologie comparée, en réunissant les traits communs aux diverses théogonies aryennes, s’est efforcée de reconstituer le système entier des croyances dogmatiques primitives et le rituel du vieux culte des Aryas préhistoriques.
La mythologie comparée cherchait donc à séparer, dans les anciennes religions, les traits primitifs d’avec les éléments qui étaient venus de greffer sur la versions originelle. L’hypothèse étant que ce travail pourrait ramener les cultes aryennes à leur source la plus haute.
Pour conforter ses thèses elle entreprend de retrouver l’origine même des premières croyances religieuses de la famille aryenne. Ce secret, la mythologie comparée espérait l’arracher à l’étude des formes du langage. « Nous croyons que s’il était possible de connaître l’idiome parlé par le premier groupe d’hommes de chaque race, la nature des dieux qu’ils adoraient nous serait révélée par les noms qu’ils leur donnaient et le simple énoncé des mythes en serait en même temps l’explication » (M. Bréal cité par Salomon Reinach dans le « Manuel de philologie classique »).
De ce projet naquit l’exégèse mythologique qui revêtit deux formes principales : le système de l’allégorie (ou le symbolisme) et le système historique ou l’Évhémérisme.
Le Système allégorique niait le sens littéral des mythes, ou plutôt il prétendait que sous le voile du mythe se dérobe une vérité très différente de celle qu’insinue l’apparence matérielle du fait. Cette vérité est de l’ordre physique ou métaphysique, suivant que l’allégorie cache un principe d’action, un phénomène de la nature sensible ou l’essence même des choses. Ce système d’interprétation, que Socrate et Platon avaient déjà plus ou moins abordé, fut surtout mis en œuvre par les néoplatoniciens. Ainsi pour Épicharme, les dieux ne sont autre chose que les vents, l’eau, la terre, le soleil, le feu et les astres. Aux yeux d’Empédocle, Zeus, Héra, Aidoneus et Nestis représentent les quatre éléments ; les disciples d’Anaxagore voyaient dans Zeus le génie créateur réalisant ses merveilles avec l’aide d’Athéné, personnification de l’art et de l’industrie…
L’interprétation allégorique n’est pas demeurée le privilège exclusif de l’antiquité. Elle s’est perpétués longtemps encore et a trouvé des adeptes parmi les chercheurs du XVIII° et XIX° siècle. Le livre de Dupuis sur les « Origine de tous les cultes » (1795) ne semble pas autre chose que l’explication du polythéisme et du christianisme par la représentation symbolique des forces naturelles.
Max Muller a fait, au sujet des anciens ouvrages de mythologie, une remarque intéressante « Il est utile de lire ces livres, ne serait-ce que pour nous avertir de ne pas prendre un ton trop assuré en présentant des théories qui nous semblent aujourd’hui devoir réunir tous les suffrages et qui, dans cent ans d’ici, ne seront peut-être pas moins délaissée. » Emmanuel Cosquin disait de cette citation qu’en formulant cette sage réflexion, M Max Muller avait prédit le sort de ses propres théories mythologiques (Le Français, N°15 mars 1884).
En 1810, le système allégorique ou symbolique fut repris dans une œuvre qui est demeurée célèbre. « La Symbolique » de Creuzer qui a dû sa grande vogue sous le titre de sa traduction « Les Religions de l’antiquité considérées principalement dans leurs formes symboliques ». Dans cet ouvrage Creuzer suppose que les mythes grecs sont l’œuvre des prêtres de l’Orient. Ceux-ci auraient voulu transmettre, sous une forme populaire accommoder à l’intelligence moins instruite du vulgaire, les hautes vérités morales et religieuses qui formaient les croyances de de la primitive humanité. D’après lui il aurait existé une philosophie primordiale, basée sur le dogme de l’unité de Dieu. Mais ces doctrines mystérieuses et profondes, patrimoine des anciens patriarches avant Abraham, dépassa bientôt les esprits grossiers de la foule. Elle fut réservée à un petit nombre d’initiés et, s’il faut en croire Creuzer , communiquée sous le sceau du secret aux mystères d’Éleusis. Le système à de grandes analogies avec les théories de Vossius, de Bochart et de Huet.
Pour les mythographes du XVII° siècle, la mythologie est une corruption de la Bible, le polythéisme est une déviation de la plus ancienne religion juive. Ainsi l’évêque d’Avranches, dans sa « Démonstration évangélique », retrouve le personnage de Moïse tout à la fois dans Zoroastre, Orphée, Apollon, Vulcain, Faunus, Toth, Adonis et Thammuz. Pour Samuel Bochard, Saturne est le pastiche de Noé dont les trois fils se retrouvent également dans ceux de Saturne : car Jupiter fait penser à Cham, Neptune représente Japhet et Sem revit dans Pluton. Isaac Vossius fait des identifications non moins étranges : pour lui Adam, Prométhée et Gog, roi de Bazan, sont respectivement Saturne, Janus et Typhon.
« L’allégorie, dit Léo Joubert, changeait la mythologie en vides abstractions ; l’Évhémérisme, en contes prosaïques. L’une lui ôtait le corps ; l’autre, l’esprit » (Léo Joubert, Revue européenne, février 1860.)
L’Évhémérisme (ou système historique) fait descendre la mythologie du ciel sur terre ; il renverse les dieux de leur trône céleste pour en faire des héros, des guerriers des rois, fameux par leurs exploits.
Évhémère vivait au III° siècle avant Jésus-Christ. Chargé par Cassandre, roi de Macédoine, d’un voyage d’exploration dans l’Inde, on rapporte qu’au cours de sa navigation à travers l’océan Indien, il aborda à l’île de Panchaïa. Là, il découvrit d’anciens temples ornés d’inscriptions. Ces inscriptions relataient le lieu de naissance et l’année de la mort des principaux dieux. Évhémère en conclut que les dieux des Grecs n’étaient que des princes ou des sages, divinisés après leur mort. Le poète Ennius traduisit en latin l’ouvrage du philosophe grec (dont il ne reste aujourd’hui que des fragments).
Cette interprétation supprimait toute croyance à des divinités, dont l’existence et le caractère étaient niés à la fois. Aussi les défenseurs du paganismes, Cicéron, Plutarque, Sextus Empiricus convainquirent-ils Évhémère d’athéisme et s’efforcèrent-ils de battre en brèche l’authenticité de ses écrits. Au contraire, les stoïciens et les sceptiques de Rome mirent ses théories en honneur. Les apologistes chrétiens empruntèrent à l’Évhémèrisme ses arguments contre les fables païennes. Saint Augustin n’admet pas le reproche de bavardage poétique qu’on adressait à l’Évhémèrisme ; ce système lui paraît au contraire le fruit d’une critique historique sérieuse, historica diligentia. Si l’évêque d’Hippone reprend à son profit les théories du voyageur macédonien, c’est qu’elles lui servent à démontrer l’inanité des dieux du paganisme…
Comme pour le système allégorique, mais sous des formes renouvelées l’Évhémèrisme persistera à travers le moyen-âge, disparaîtra à la Renaissance pour renaître au XVII° siècle.
Dans de nombreux articles qui remplissent les premiers volumes des Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, considérait la mythologie comme l’histoire traditionnelle des premiers hommes.
« Les anciennes explications des mythes se touchent toutes par un point : elles séparent l’idée de son expression, elles placent à l’origine de la mythologie la distinction du sens propre et du sens figuré » (Michel.Bréal)
L’Évhémèrisme avait de plus cet inconvénient « qu’il permettait de fabriquer l’histoire avec des récits dénués de fondement » (Reinach « Manuel de Philologie classique » 2° édition)
En 1825 Ottfried Müller créa une nouvelle théorie dans ses « Prolégomènes à une mythologie scientifique ». Ce n’est pas encore la mythologie comparée proprement dite, mais c’est une étape intermédiaire entre l’exégèse des anciens et la méthode comparative.
La mythologie comparée part de l’hypothèse de l’unité linguistique et religieuse des peuples aryens. Or, pour Ottfried Müller, nos mythes européens ne seraient pas essentiellement aryens ; ils seraient le résultat d’un acte inconscient, une conséquence de l’impuissance d’abstraire, où se trouvait l’humanité à son berceau. Dans cette impuissance, l’esprit de l’homme envisage les faits religieux et moraux, comme les phénomènes de la nature physique, sous une forme purement concrète et vivante. Là donc où les mythologues n’avaient vu que des emblèmes mystérieux d’une caste ou des légendes fabuleuses de poètes et de logographe, Ottfried Müller crut reconnaître l’éclosion spontanée de l’imagination naïve et enfantine de l’humanité au berceau.
Forchhammer, le continuateur d’Ottfried Müller modifia par la suite cette théorie. Pour lui les mythes s’expliquent par la topographie, ils doivent leur naissance à des phénomènes exclusivement locaux. Ainsi il faut se rendre à Delphes, sur les lieux mêmes, pour comprendre la lutte d’Apollon contre le serpent Python. Là, entre deux roches, Nauplia et Hyampéia, un torrent roule avec fracas dans la vallée du Pleitos. Le serpent Python n’est autre chose que ce torrent sinueux. Lorsqu’au printemps le soleil fait tarir et évaporer ses eaux, le torrent semble disparaître : Apollon a vaincu le serpent.
Forchhammer chercher à Réagir contre la mythologie comparée dont il prévoyait les excès ; il est tombé dans un autre écueil. De même que certains mythographes attribuaient un rôle exagéré aux manifestations de l’orage et de la tempête dans la formation des mythes, de même Forchhammer veut voir au fond de tous les mythes helléniques l’expression de l’hydrographie, dont l’importance, d’après lui, aurait été considérable dans la Grèce primitive.
« Toute la mythologie devient météorologique ; les divinités, les mythes se liquéfient, s’évaporent, se transforment en brouillard et en nuages ». (M. Weil dans : revue critique, octobre 1881)
L’histoire de la mythologie comparée proprement dites peut être ramener à cinq systèmes principaux :
Le système solaire de M. Max Müller
Le système météorologique d’Adalbert Kuhn
Le système mixte de M Sayce
Le système psychologique de M Fiske
La mythologie iconographique (ou optique) de M Clermont-Ganneau.
On pourrait y ajouter la mythologie végétale de Guillaume Mannhardt
Le système solaire de Max Müller.
- Max Müller a exposé lui-même l’ensemble de ses idées dans le passage suivant : « Le lever et le coucher du soleil, le retour quotidien du jour et de la nuit, le combat entre la lumière et l’obscurité, tout ce drame solaire qui se joue chaque jour, chaque mois, chaque année dans le ciel et sur terre, voilà ce que je regarde comme le principal sujet de la mythologie primitive. Je pense que l’idée même de puissances divines a pris naissance dans l’étonnement avec lequel les ancêtres de la famille aryenne contemplaient les puissances brillantes (dêva) dont personne ne pouvait dire d’où elle venaient, ni où elles allaient, qui jamais ne faisaient défaut, qui ne se flétrissaient ni ne mourraient jamais et qui étaient appelées immortelles, c’est-à-dire qui ne passent point, pour les distinguer de la faible et périssable race de l’homme. Je considère le retour régulier des phénomènes comme ayant été une condition presque indispensable pour qu’ils fussent élevés par la magie de la phraséologie mythologique au rang des Immortels et j’attribue une importance proportionnellement faible aux phénomène météorologiques, tels que les nuées, le tonnerre et l’éclair, lesquels, tout en causant pour un temps une violente commotion dans la nature et dans le cœur de l’homme, ne devaient pas être rangés à côté des êtres brillants et immortels, mais devaient plutôt être considérés soit comme leurs sujets, soit comme leurs sujets, soit comme leurs ennemis.» (Essais sur la mythologie comparée)
Pour Max Müller aux époques primitives, tout était poésie dans le langage des hommes. Les objets étaient tous définis par leurs attributs : l’aurore, par exemple, s’appelait la « brillante », le soleil « l’étincelant ». Par conséquent, les mots primitifs sont presque tous des adjectifs ayant leur terminaison propre à chaque genre de la nature à éveiller dans l’esprit une idée de sexe correspondante. Il était donc presque impossible, dit Max Müller, dans cet état du langage, de parler sans personnifier, sans créer des personnes, des dieux, des déesses, des génies. il pense donc que pour les Aryas primitifs le jour qui se lève est un être réel. Bientôt la métaphore s’en mêlera, et le Jour sera le fils rayonnant de la Nuit. Max Müller pense toucher là au moment précis de la création du mythe. Aussi longtemps que les mots garderont la trace de leur sens figuré, il n’y aura pas encore de mythes ; mais vienne le jour où l’on aura oublié le sens primitif des noms, les qualificatifs seront pris pour des noms propres et désigneront des personnages divins, des dieux, des déesses …
« La mythologie n’est qu’un dialecte, une ancienne forme du langage » (Max Müller )
Cette phrase à laquelle il n’hésite pas à ajouter qu’elle (la mythologie) doit son origine à une sorte de maladie du langage qui a fait perdre aux mots leur transparence primitive…
C’est surtout dans les Védas, livre sacré de l’Inde ancienne, que Max Müller croit avoir trouvé la clef de son système. D’après lui, ce recueil aurait fidèlement conservé les formes linguistiques du peuple primitif. Dans les Védas, la transparence du langage existe encore ; c’est là qu’on peut espérer retrouver, sous une forme clairement métaphorique, tous ces mots qui, matérialisés, anthropomorphisés, sont devenus les éléments des légendes mythologiques.
Le Système météorologique d’Albert Kuhn.
Pour Albert Kuhn. Les légendes primitives trouvent toute leur explication dans l’orage, la nuée ténébreuse dont les flancs portent la tempête « Les nuages, la pluie, l’éclair et la foudre étaient des spectacles qui frappaient plus que tous les autres l’imaginaire des Aryas primitifs, et rien ne devait leur faire plus impression que les aspects changeants de ces phénomènes. Le lever et la course des corps célestes les laissaient indifférents à cause de de la régularité de leurs mouvements. Mais les premiers hommes ne pouvaient voir sans une secrète inquiétude les brusques changements météorologiques, si irréguliers, si mystérieux dans leur apparitions, si prompts et si saisissables dans leurs effets. Voilà pourquoi ces phénomènes furent remarqués avec tant de soin, décrits avec un tel luxe d’images, qu’il devinrent le principal fondement de la mythologie et des superstitions indo-européennes » (Indo-European Tradition and Folk Lore)
On voit, entre la théorie solaire de Max Müller et l’oragisme d’Adalbert Kuhn l’opposition est complète….
Le système mixte de M. Sayce
M Sayce, le savant assyriologue anglais, a touché aux questions mythologiques dans son ouvrage sur les « Principes de la philologie comparée ». A l’exemple de Max Müller et de M. Adalbert Kuhn, il base son système d’interprétation mythique sur la philologie et l’étymologie. Pour lui aussi le langage démontre l’identité d’origine des mythes. Les mythes eux-mêmes sont
D’après ce savant, une déification des objets matériels qui furent pour l’homme primitif les auxiliaires de sa subsistance. On comprend ainsi pourquoi les instruments du culte ressemblent aux armes que l’homme employait pour apaiser sa faim : le dard, la lance, la verge, le feu que nous voyons aux mains de Minerve, de Mercure, d’Apollon, ou qui sont personnifiés dans Agni et dans Vesta, les dieux du foyer. M Sayce admet donc comme facteurs de la mythologie une sorte de fétichisme primitif et en même temps l’évolution du langage. C’est la raison qui fait donner à sa théorie le nom de Système mixte.
Le Système psychologique de M. Fiske.
Pour Max Müller, la mythologie dérive du mot, pour M. Fiske de la pensée. (Myths and Myth-Makers 1873.) L’homme antique ignorait les forces de la nature, leurs causes surtout et la nature des agents cosmique; il leur donna ses propres passions, ses propres conceptions. Le soleil luisait, le vent s’agitait, les tempêtes se déchaînaient pour des motifs analogues à ceux qui poussent les hommes à l’action. Pour lui, l’identité des nombreux mythes répandus dans le monde entier s’explique très rationnellement par l’identité d’état psychologique de l’humanité à une époque reculée sans qu’on ait besoin de recourir à des causes historiques.
Le Système iconographique de M. Clermont-Ganneau.
- Clermont-Ganneau propose une autre interprétation. Il pense que plusieurs mythes sont dus à la transmission de monuments figurés mal compris. Si les mythes sont le résultat d’une fonction normale de l’imagination, comme le veulent certains chercheurs, l’imagination travaille non seulement sur le langage, c’est à dire sur les idées exprimées à l’aide de la parole ou sur ce surmoulage mécanique de la parole qu’on appelle écriture, mais encore sur les idées exprimées par le dessin et la figuration plastique, il s’ensuivra qu’il doit y avoir une mythologie des images, de même qu’il y a une mythologie des mots…
[1] Franz Bopp, 14 septembre 1791- 23 octobre 1867, est un philologue et linguiste allemand. C’est lui qui, par ses exposés sur l’Indo-européen primordial, a justifié la linguistique comparative et a fondé par son enseignement et par ses publications, une science nouvelle, la grammaire comparée. Franz Bopp a en outre prouvé l’appartenance des langues celtiques aux langues indo-européennes. En effet il faut attendre les premières années du XIXe siècle pour que des Allemands, comme Franz Bopp et les frères Grimm, et parallèlement, une figure plus isolée et moins connue, le Danois Rasmus Rask, abordent un domaine jusque-là inexploré, celui des rapports qu’offrent à l’observateur attentif les ressemblances entre les langues classiques (grec, latin), les langues germaniques, les langues slaves, le persan et surtout la langue ancienne de l’Inde, le sanskrit, dont la connaissance se répand alors. Cet ensemble de langues s’est progressivement adjoint les langues celtiques, les langues baltes, l’arménien, l’albanais, pis au XX° siècle le hittite et le tokharien, pour constituer la famille de langues d’abord baptisée indo-germanique, puis indo-européenne.
Bibliographie (En cours de constitution)
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