Dictionnaire de la Littérature Orale
Culture
Notion multiforme, aux facettes disparates selon le paradigme scientifique traversé par la discipline anthropologique, il est peu aisé de fixer ce terme polysémique aux 200 définitions. Cependant, la notion de culture est centrale dans les réflexions ethnologiques et pour approcher la littérature orale…
Le mot culture dérive du verbe latin cŏlŏ, cŏlis, coluī, cultum, cŏlĕre.
L’équivalent français pourrait être habiter, cultiver ou honorer, selon les contextes. Cette multiplicité de traductions met bien en avant la polysémie du terme, qui a hérité des différentes approches disciplinaires au sein de l’anthropologie culturelle.
Du gardien des traditions immémoriales et du creuset des différences à la notion de l’interculturalité génératrice de nouvelle culture d’acculturation, la culture est un concept non seulement essentiel dans la compréhension de l’ethnologie, mais aussi dans l’approche à la littérature orale.
Radcliffe Brown explique qu’une culture n’est pas une réalité concrète. Il ne s’agit pas d’entités figées, mais d’êtres humains liés les uns aux autres par une série illimitée de relations sociales qui fondent une culture. La culture ne préexiste pas aux individus : ce sont les individus qui la produisent collectivement, et qui organisent symboliquement leur existence. Une culture est un produit historique, qui connaît des évolutions, des transformations, voire des mutations, liées à plusieurs facteurs.
Pour résumer, on pourrait dire que les cultures sont composées par :
Les valeurs – Les normes – les institutions- Les artefacts – Les systèmes idéologiques, sociologiques, technologiques…
Ce qu’il faut retenir, c’est surtout le fait qu’il n’y a jamais eu de culture étanche. Chaque culture change et en rencontrant d’autres culture créé des syncrétismes. La structure de certains récits merveilleux est partagée par la plupart des peuples du monde, avec des déclinaisons propres au contexte culturel spécifique.
La culture et la littérature orale
Le jeu des variantes et les transformations qui s’opèrent lors du passage d’un contexte ethnographique à un autre s’éclaire si l’on prend en considération les variations que subissent certains usages ou valeurs propres à chacun d’eux, au-delà du niveau d’ »intercompréhension culturelle » qui les lie. Par exemple le centrage d’un récit autour de la relation « bru/belle-mère » ou « mari/femme » n’est pas sans rapport avec la place que réserve chaque société à ces acteurs au sein de l’institution matrimoniale.
Le travail de mise en contexte des récits relève donc d’une lecture ethnologique du conte. Elle suppose de quitter le niveau universel ou tous les contes se ressemblent pour descendre au niveau des sociétés concrètes, et d’y repérer comment s’opère cette articulation entre texte et contexte sans laquelle le sens du récit risque de nous échapper, au moins pour une part.