Dictionnaire de la Littérature Orale
CLÉMATITE
Plante grimpante aux milles visages selon ses variétés, la clématite a envahi l’imaginaire de la littérature orale.
Les Clématites
Clematis Integrifolia (Linné)
Eugène Rollant, savant linguiste et folkloriste, fit l’inventaire de la flore en France dans les parlés et la culture. Il disait de la clématite :
En Tartarie , un chef cosaque vaincu, désespéré de voir ses soldats l’abandonner, se suicida avec sa lance. Cet acte de lâcheté ne tarda pas à être cruellement puni, car il survint bientôt un ouragan qui mit les cosaques en lambeaux et les fit entrer en terre où ils furent transformés en clématites. Saint Pantaléon les voyant toutes nues en hiver, eut pitié d’elles et leur donna ce duvet qui aujourd’hui couvre leurs fruits. Cependant elles étaient très tristes de demeurer en terre étrangère et ces âmes cosaques finirent par obtenir de Dieu, d’être transportées en Oukraine pour que les jeunes filles russes en fissent des couronnes. (Petite Russie comm. De M Th Volkov)
Source :
Mais cela ne sont pas les seuls épisodes entremêlés à la clématite. Dans l’Évangile chrétien, Mathieu évoque, lors de l’épisode de la fuite en Égypte, que Marie se serait servie des fruits de la clématite pour fabriquer un berceau à l’enfant (les feuilles étant très irritantes). Bien qu’on ignore précisément la variété qu’elle avait à disposition sur le sol égyptien, on sait qu’encore aujourd’hui la clématite porte le surnom de « Berceau de la Vierge ».
Pendant le Moyen Âge, en France, la clématite portait le nom de « viorne des pauvres » ou « herbe aux gueux, car on racontait une pratique assez violente la concernant. Les mendiants, afin d’inspirer la pitié des pèlerins, frottaient leurs membres avec les feuilles irritantes de clématite. Cela provoquait des brulures et des ulcérations qui, on disait, étant très visibles, augmentaient les revenus des quêtes. Pour éviter que les affections cutanées prennent trop d’ampleur, on dit que par la suite un cataplasme de feuilles de bette pouvait apaiser les irritations.
En Bourgogne, on raconte qu’en cas de disette, les vieux des villages de la zone de Beaune remplaçaient leurs cigares par des bouts de branche de Clématite. Encore aujourd’hui, lors des vendanges, on entend parler de cette pratique et parfois on sent l’odeur acre mais savoureuse d’une branche qui se consomme dans les vignes.
Mais les histoires concernant la clématite sont nombreuses :