Hamed Bouzzine
Je suis né au Sahara « Le pays de nulle part ». Je viens du peuple berbère nomade des Aït ou Moussa. Le récit m’a bercé depuis ma plus tendre enfance et j’ai toujours écouté les « Rways », maîtres-musiciens conteurs et les « Yghawins », griots berbères depuis la Haute Antiquité.
Au cours de ma vie d’artiste, j’ai partagé la scène avec Alpha Kouyaté, grand griot Manding, dont j’ai hérité des épopées, des mythes, ainsi que de nombreux autres récits. Depuis cette rencontre, le récit ne m’a plus quitté.
L’oralité est devenue plus forte que moi.
Le conte m’investit en permanence, c’est comme une peau de tambour qui résonne, un sédiment ancestral qui se fait entendre, un chemin de sagesse…
De la Mauritanie aux déserts d’Arabie, des tentes de l’éphémère à la beauté troublante des hommes bleus, des youyous de joie aux bruissements du vent sur les sables millénaires, c’est cette parole que j’ai décidé de révéler. Le patrimoine de ces peuples où la langue parlée est première et secrète, où la transmission orale est restée la seule garante de la survivance des « Imazighens », les « Hommes libres ».
Venant de cette tradition millénaire des conteurs, je suis enfant d’Ulysse, de Sindbad, de Shéhérazade et des chanteurs de « blues » de cette planète.
Nous faisons de cet art un art contemporain, un art de la création.
Les textes anciens nous interrogent dans la permanence, alors que la forme et la pensée sont toujours évolutives. L’art du récit restera toujours un art de l’instant et de la proximité.