Pourquoi une histoire de la littérature orale est-elle essentielle ? Les conteurs du XXIème siècle se sont saisis d’un répertoire riche de plusieurs millénaires de transmission et de recréation et tentent de le faire entendre à leur contemporains.
Beaucoup de conteurs, peu au fait de l’histoire de la « littérature orale », choisissent impulsivement des récits qui, rencontrés dans des livres ou dans une salle de spectacle les ont touché de façon émotive et qu’ils souhaitent partager avec leurs proches ou un public anonymes. Cette façon de transmettre dans l’ignorance de l’histoire a, sans contestations possibles, des qualités créatrices qui s’apparentent fortement à l’écriture théâtrale et apportent une vision contemporaine des récits. Mais elle a aussi un inconvénient, elle s’extrait d’une des spécificités de la Littérature orale qui tend avant tout à dire le groupe et la permanence de l’humain. Cette façon de faire ne prend en compte les instantanés propres à une personne ou un micro groupe et ne fait que peu sentir l’axe fondateur et stable autour duquel les mutations sociales et techniques s’organisent.
Il est évident qu’il est beaucoup plus complexe et plus laborieux de s’inscrire dans une démarche tenant compte de l’histoire. Cela implique de la part du porteur de parole de s’inscrire dans une chaine de transmission autant que dans une dynamique de création qui ne tient souvent compte que de l’intelligence et des intentions d’un seul individu. À corps défendant pour ceux qui adoptent cette démarche, le savoir nécessaire pour s’inscrire dans cette tradition n’est pas facilement disponible (existe-t-il vraiment ?). Les mutations techniques et sociales dans les pays occidentaux ont effacé peu à peu les traces vivantes de cet art de la transmission et les modes de vie contemporaines tendent à valoriser bien plus l’individualisme que la relation communautaire.
Comment relancer un travail de réflexion sur l’histoire de la Littérature orale, pour participer à l’accessibilité des fondements de l’art de la narration et régénérer une transmission pleine et entière de ce patrimoine immatériel ? L’U.N.E.S.C.O a reconnu au travers d’une convention signée par presque une centaine d’États l’importance de ce patrimoine, mais au delà de la reconnaissance c’est le travail de chacun qui permettra de concrétiser les bonnes intentions. Le C.M.L.O depuis sa création mène une réflexion sur l’importance de l’histoire de cette littérature spécifique et tente dans ces pages de la faire partager.